5 - L’unité phalangette : ou comment utiliser la bonne dose de dermocorticoïdes

Les dermocorticoïdes sont les traitements prescrits en première intention par les médecins dermatologues, allergologues ou immuno-allergologue en cas de crise de dermatite atopique. Présentés sous forme de crème ou de pommade ils peuvent être dosés différemment en fonction de la zone du corps à traiter ou de l’âge du patient.

On peut lire tout un tas de bonnes et mauvaises choses à leur sujet sur internet. En tant de biologiste de la peau je peux dire que nous avons plus de 50 ans de recul sur leur utilisation dans le cas de maladies cutanées et les effets sont incroyablement positifs. (cf article VIDAL). Libre à chacun de laisser ses croyances dire le contraire, je ne cherche pas à convaincre mais apporter un point de vue honnête et peut-être rassurer certains.

• Les dermocorticoïdes ne guérissent pas la dermatite atopique (ils n’empêchent pas les récidives), ils ne font que soulager les rougeurs et les démangeaisons en diminuant la réaction inflammatoire de la peau.
  

• Bien utilisé aux bonnes doses et sur la bonne durée cela n’affine pas la peau et ne rentre pas dans le sang : les molécules de corticoïdes entrent en contact avec les cellules de l’épiderme. Ces molécules entrent en action dans les cellules pour réguler l'expression des protéines de l'inflammation. En gros ce sont des outils que la cellule va utiliser pour faire quelque amélioration en interne. (cf ici pour en savoir plus).

• Cela ne provoque pas d’intolérance au soleil : Nous le sommes déjà de base, malade ou non le soleil n’est pas notre ami (pour un tas de raisons). 10min par jour suffisent sans protection solaire ! Sinon tartinez vous.

• Cela ne fait pas grossir : en format crème ou pommade à appliquer sur la peau, cela n’a pas d’effet sur le poids, en bien comme en mal. Si vous avez un traitement par voie orale ou injection (Non adapté pour la DA) alors oui cela peut avoir un effet sur une éventuelle prise de poids souvent dûe à de la rétention d’eau. Parlez-en à votre médecin ou votre pharmacien.

• La quantité de dermocorticoïdes utilisés diminuera avec le temps : en effet si vous traitez la zone en crise dès le départ en respectant les doses et le nombres d'application, la zone va naturellement réduire. Vous mettrez donc moins de pommade et ainsi de suite. Lorsque que la crise sera passée vous ferez une pause dans votre traitement. Dans de rares cas cela peut donner plus d’eczéma : les molécules de corticoïdes apaisent les crises. Si cela persiste c’est que la dose, la durée ou le type de traitement ne sont pas adaptés. Aucun médicament n’est infaillible. Pensez à consulter un immuno-allergologue qui saura mieux répondre à vos attentes et vos questions.

Les corticoïdes sur les crises de DA, c’est comme la lance à eau sur l’incendie. Si les pompiers n’arrosent pas assez le feu ne s’éteint pas. Il reste des braises cachées et le feu peut repartir de plus belle. En revanche, si la bonne dose d’eau est amenée et sur la bonne durée, l’incendie s'éteint et il n’y a plus de foyer.

Il m’a fallu 32 ans pour trouver un médecin qui sache me donner la bonne référence pour l’utilisation des dermocorticoïdes : l’unité phallangette.

1 unité de dermocorticoïdes = 1 phalange = 1 surface de paume. Simple !

Vos références seront la longueur d’une de vos phalanges, index ou majeur et la surface de votre paume de main.

Ainsi pour appliquer votre dermocorticoïdes (crème ou pommade) vous devez estimer la surface de vos lésions avec votre paume (1, 2, 3 …) et vous mesurez sur vos doigts la quantité de pommade correspondante.

Les médecins recommandent de traiter les zones en crises jusqu’à 3 jours après la disparition des plaques d’eczéma, ceci pour calmer l’inflammation en profondeur (éteindre les braises) et éviter que cela reparte de plus belle. ensuite on arrête le traitement.

Si vous le souhaitez vous pouvez mélanger votre dose de dermocorticoïdes avec du Cérat de Galien (50-50 par exemple). Cela peut faciliter un peu l’application et permettra de nourrir et protéger votre peau en plus de la traiter.

L’objectif n’est pas de mettre moins de traitement mais de le mélanger pour aider et protéger.

Pendant l’application n’hésitez pas à prendre votre temps et vous masser. Cette action favorise la microcirculation sanguine et aide votre peau à accueillir le traitement. Essayer d’en faire un moment pour vous, même si je sais à quel point ce n’est pas simple quand on souffre. Tout les soins que vous vous prodiguerez en conscience et avec bienveillance auront un effet positif sur votre appréhension de la maladie. Votre corps vous aime alors aimez le en retour et aimez vous. Vous le méritez.

A bientôt pour de nouvelles connaissances et expériences.